ANDRE MICHAUX
RESUME
Il a introduit le ginkgo en Amérique. Botaniste et explorateur, élève de Jussieu ; voyages scientifiques en Europe et en Perse. Il se rend aux Amériques en 1785 sur ordre du roi Louis XVI afin d'y rechercher des plantes susceptibles d'être intéressantes pour le commerce. Il crée un jardin botanique près de Charleston en 1787, lequel lui servira de point de départ pour un échange de plantes rares entre le vieux et le nouveau continent : Michaux envoie des plantes et des graines vers la France, au parc de Rambouillet et au jardin des plantes de Paris. On lui doit l'importation d'espèces telles Gordonia lasianthus, Halesia carolina, Gelsemium sempervirens, Yucca gloriosa, Illicium parviflorum. Ouvrages : Histoire des chênes de l'Amérique septentrionale, 1801 ; flora boreali-americana, 1803.
MON HISTOIRE
Je suis né le 7 mars 1746 à Satory, dans la ferme de mes parents qui faisait partie du Parc de Versailles. Mon père administrait cette ferme. Je prends rapidement le goût le plus vif pour l’agriculture. Je m’emploie à m’instruire pendant tous mes moments de loisirs. Je perds mon père quand j’ai 17 ans et ma mère à 20 ans. Je me marie en 1769 et malheureusement mon épouse décède un an après en mettant au monde notre fils, François-André. Suite à ce drame je rencontre le botaniste Le Monnier. Il m’apprend beaucoup. Je pars pour Paris, laissant la ferme de Satory à mon frère, pour me perfectionner davantage. Puis je vais en Angleterre d’où je rapporte un grand nombre d’arbres, et en 1780 je vais herboriser dans les montagnes d’Auvergne en compagnie de Lamarck et de Thouin. Je suis très désireux d’effectuer de grands voyages et me sens apte à le faire. Je prie alors Le Monnier de m’obtenir une mission. Cette dernière ne tarde pas à arriver. J’accompagne Monsieur Rousseau, nommé consul de France en Perse et pars en 1782. Je ne cesse de la parcourir pendant 2 ans. En 1785 je rapporte à Paris un magnifique herbier et des graines dont plusieurs nouvelles. Je suis nommé par Louis XVI « botaniste attaché aux pépinières cultivées sous les ordres du directeur des bâtiments du roi » (le comte d’Angiviller). Je souhaite retourner en Asie ensuite, mais le gouvernement préfère me donner une mission pour l’Amérique septentrionale, me chargeant de parcourir les Etats-Unis afin d’y découvrir des plants d’arbres et arbustes. Ceci pour en faire un entrepôt au voisinage de New-York, et les faire passer en France, où le parc de Rambouillet est destiné à les recevoir : Arbres fruitiers ou d’ornement, fleurs, plantes médicinales. Mais la priorité est donné à la recherche d’arbres qui puissent servir au travail du bois, notamment pour la construction et les bateaux. Parti de Paris, le 1er septembre 1785 accompagné de mon fils, j’arrive en Octobre à New-York. Je commence à y établir un jardin, que je nomme le Jardin du Roi. Dès la première année j’envoie 12 caisses de graines, 5000 pieds d’arbres et des perdrix du Canada. Je m’établis par la suite à Charleston pendant 10 ans. De là-bas je peux voyager dans les contrées méridionales et boréales. Je fais des envois en France, toujours accompagnés d’instructions sur la culture convenables des divers arbres et sur l’utilité qu’on peut en retirer. Cette correspondance est entre moi et l’abbé Nolin, directeur des pépinières. En son hommage, je crée un nom de genre Nolina. Parti de Charleston fin avril 1787, j’entreprends une exploration des Alleghany. Au cours de mon périple je découvre de nombreuses espèces dont le Nyssa et le Magnolia. Mes aventures ont toujours été rudes et remplies de nombreux obstacles. A plusieurs reprises je perds mes chevaux par exemple. Les ravitaillements deviennent très précaires. Les difficultés, les dangers se multiplient : les forêts de ces montagnes sont peu sûres, uniquement parcourues par les Indiens, il est souvent difficile de s’y faire un passage. Je rentre à Charleston le 6 juillet, après avoir parcouru 300 lieues à travers la Caroline et la Géorgie. L’année 1788 débute par un voyage en Floride. J’envoie en France les graines récoltées. Je m’assure des correspondances dans tous les lieux où je suis passé. Je finis par voyager également aux Iles Bahamas. De retour à Charleston le 1er mai 1789, j’apprends les évènements qui agitent la France. Toutes mes correspondances sont interrompues pendant deux ans. Mes moyens s’épuisent et je craints de devoir quitter l’Amérique. Pendant ces deux années je travaille à déterminer le lieu natal de tous les arbres d’Amérique septentrionale.
En juin 1792 c’est le début de mon voyage vers le Canada. Je parcours de nombreux lacs et rivières en canot. Ces voyages sont effrayants pour ceux qui n’y sont pas accoutumés. Je note de nombreuses plantes. Le voyage se poursuit vers le Nord. Le froid commence à se faire sentir, je donne alors le signal du retour le 6 septembre. Je rencontre alors des pins. Le 2 décembre je suis de retour à New-York. Puis le 9 février 1794 je repars pour déterminer les positions exactes des montagnes qui traversent le Nouveau Mexique. Retour à Charleston le 14 mai. Dès le 14 juillet je pars de nouveau pour le Sud-Est des Etats-Unis. Ensuite je me prépare à un nouveau voyage, le plus important que j’ai fait en Amérique, tant par sa durée, un an, que par l’étendue des parcours que j’ai effectué. A Nashville je note un Quercus, le macrocarpa. C’est depuis 10 ans que je voyage en Amérique, le périple le plus pénible que j’ai fait. Dans le Mississipi j’observe de nombreuses espèces.
De retour à Charleston, je trouve mon jardin dans l’état le plus florissant. N’ayant plus de ressources je ne peux me résoudre à vendre des arbres pour pourvoir rester en Amérique. Le 13 août 1796 j’embarque pour l’Europe. Je suis alors victime d’un naufrage et y perds grand nombre de caisses contenant mes récoltes de plantes. Arrivé à Paris, je reprends contact avec les nombreuses relations que j’ai dans le monde scientifique. Durant toutes ces années j’ai découvert et décrit des centaines de nouvelles plantes, 300 nouvelles espèces et des dizaines de nouveaux genres. Tristesse énorme quand je me rends compte que des 60000 pieds d’arbres que j’ai envoyé en France, il n’en reste qu’un petit nombre, les belles pépinières de Rambouillet ayant été ravagées par les orages de la Révolution. Je me console par l’espoir de réparer mes pertes. Malgré un accueil des plus flatteurs, le gouvernement néglige de me payer les 7 dernières années. J’avais alors dissipé ma fortune personnelle pour mon pays. Je sollicite une commission pour retourner achever mon œuvre en Amérique. J’embarque alors avec le capitaine Baudin en octobre 1800. En mars 1802, on arrive à l’Ile de France, je ne vais pas plus loin, me sentant utile là-bas. J’abandonne donc l’expédition de Baudin, et pars par la suite pour Madagascar. Je me mets aussitôt à la quête d’un jardin pour y cultiver mes plantes que j’envois de l’intérieur. Fin novembre 1802, je suis pris de fièvre qui m’emportent en quelques jours.
Voyageant tout le temps je ne laisse pas beaucoup d’ouvrages, on me doit cependant : Histoire des Chênes d’Amérique septentrionale.[COLOR=purple]